Couverture sociale: Les marins-pêcheurs contre vents et marées

Sur 54 mille marins-pêcheurs en Tunisie, uniquement 12% disposent d’une couverture sociale.


Pour mettre l’accent sur l’importance du secteur de la pêche en Tunisie, qui souffre de plusieurs difficultés et lacunes, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes) vient d’élaborer une enquête auprès des petits pêcheurs dans les régions de Teboulba, Kerkennah et Zarzis où les pêcheurs ont signalé des problèmes significatifs dus au manque de la main-d’œuvre, la précarité, des conditions de vie de leurs familles, et à la nature aléatoire de la pêche en tant qu’activité économique qui n’encourage pas les jeunes à travailler dans ce secteur.

La pêche est aussi un métier de femmes

En terme de couverture sociale, il faut souligner que la situation est pratiquement identique chez tous les pêcheurs en Tunisie, puisque selon les chiffres de l’Utap, sur 54 mille marins-pêcheurs en Tunisie,  uniquement 12% disposent d’une couverture sociale. A Zarzis, la majorité des pêcheurs artisans travaillent dans des conditions précaires, puisque seulement 10% bénéficient d’une couverture sociale. Par ailleurs, le propriétaire du bateau dans la région assure seulement sa couverture sociale et ne prend pas en charge le reste de l’équipage. Les raisons invoquées par les chefs des barques renvoient à la non stabilité de ces travailleurs dans leurs postes,  d’une part, et à cause de leur situation financière difficile, d’autre part. Même pour les armateurs et les chefs des barques, la situation devient plus difficile. Ces derniers n’arrivent même pas à assurer le paiement des tranches relatives à leurs comptes.

Les femmes de la région ont également leur rôle dans l’activité de la pêche malgré les difficultés de la profession. Elles sont fortement impliquées dans les activités transformatrices des produits de la mer destinés à l’exportation, comme elles collectent aussi les huîtres «Al Mahar», qui constituent une source de revenus pour beaucoup de ceux qui travaillent dans ce secteur. Ces produits sont généralement destinés à l’exportation, en particulier vers l’Italie et l’Espagne. Les femmes pêcheuses de Zarzis assurent en effet cette activité épuisante environ six mois par an (d’octobre, jusqu’au mois d’avril, de 7h00 jusqu’à 15h00), chacune ramasse environ 2 Kg de palourdes par jour pour une rémunération d’environ 8 dinars, nettement en dessous du Smig national.

Afin d’améliorer leur revenus, et par conséquent leurs conditions, les pêcheurs de Zarzis ont exprimé plusieurs revendications tels que l’édification d’une station de traitement des rejets, ce projet est important aussi bien à l’échelle régionale qu’à l’échelle nationale, la révision du repos biologique (un mécanisme de préservation de la richesse halieutique), la lutte contre la pêche anarchique, non réglementée et non déclarée, le faible taux de couverture sociale dans le secteur de la pêche et l’incohérence des dispositions relatives à la base de calcul des cotisations, ils exigent une révision radicale du dossier de couverture sociale de la communauté des pêcheurs en Tunisie.

Dans ce contexte, les représentants de la profession ont proposé une déduction de 2% sur les bénéfices des pêcheurs sous le nom de couverture sociale. Les pêcheurs réclament également la nécessité d’assurer la sécurité en mer des pêcheurs, et la réhabilitation du port de Hassi Jellaba en coordination avec l’Administration générale des ports.

A Teboulba, l’encombrement pose problème

A Teboulba, les résultats ont montré que les stocks des poissons de la pêche côtière diminuent d’une année à l’autre, et cette diminution est due principalement au non-respect de certains pêcheurs des mesures de gestion et des réglementations en vigueur. Les petits pêcheurs de la région de Teboulba ont soulevé d’autres difficultés qui entravent leur activité, liées en particulier à la dégradation de l’infrastructure portuaire et à l’encombrement au niveau du port de pêche, causé par l’évolution rapide de la flottille de pêche. Parmi les autres difficultés, il y a aussi l’encombrement au niveau des bassins, qui a causé la difficulté d’amarrage pour certains bateaux, surtout en cas de «mauvais temps» et la difficulté de nettoyage des bassins, la surexploitation massive des bassins oblige certains bateaux à accoster aux quais de débarquement, ce qui entrave le processus de nettoyage et d’entretien.

Les pêcheurs interrogés ont souligné aussi le problème de l’insécurité dans le port de pêche de Teboulba, qui constitue un maillon important de la chaîne de production halieutique en Tunisie, puisqu’il contribue à l’effort national de production comme il constitue un levier important du développement économique et social da la région. Son développement doit donc être harmonieux et en cohérence avec les attentes des pêcheurs, et étroitement coordonné avec les problèmes soulevés par ces marins. Le nouveau marché de gros des poissons (en cours de construction) nécessite un processus de réhabilitation sanitaire pour répondre aux nouvelles spécifications et normes européennes et internationales.

Afin d’améliorer leur situation, les pêcheurs de Teboulba ont également proposé la mise en œuvre d’une stratégie pour contrer le phénomène de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, la sécurité des berges du port afin de protéger les pêcheurs contre les actes du vol de leurs engins de pêche. Dans ce contexte, les pêcheurs enquêtés ont proposé de recruter des agents de surveillance pour assurer la sécurité des navires de pêche, ces agents seront payés par ces mêmes pêcheurs, et la mise en place un régime spécial pour la couverture sociale des pêcheurs.

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